Chapitre 1 :

- Non ! Je ne suis pas d’accord !
Au fin fond de la forêt Kilminat, la plus grande forêt du monde magique, on pouvait entendre la voix de deux personnes provenant d’une minuscule grotte, la demeure du plus vieux magicien de ce monde. Une jeune femme se tenait debout, les mains posées à plat sur une petite table en bois. Elle était tout de noir vêtue mais ses cheveux roses ondulés et ses yeux noisette faisaient ressortir toute sa beauté. La pièce était plutôt sombre, mais la faible lueur d’une bougie posée sur la table montrait très nettement son visage en colère.
- Allons, allons. Calme-toi, Renna.
Assis sur une chaise, un vieillard se tenait en face de la dénommée Renna. Comme elle, il portait une longue robe noire et ses cheveux blancs et le charisme qu’il dégageait montraient bien l’expérience de l’âge. Et, devant la colère de la jeune fille, il ne bougeait pas d’un cil.
- Une magicienne de ton rang ne devrait pas s’énerver pour si peu.
Ceci énerva encore plus Renna qui frappa de plus belle la table.
- Pour si peu ?? Mais, vous vous rendez compte que l’on parle de l’avenir de notre monde, maître Edonwail ?!
En voyant le visage calme du vieux magicien, elle se décida à enlever ses mains de la table et commença à se calmer. Elle s’assit finalement sur la chaise qui se trouvait à côté d’elle mais elle continuait de bouder. Le vieil homme sourit et prit ensuite l’immense carte qui se trouvait à côté de lui. Celle-ci dessinait les immenses territoires du monde magique.
- Bon, maintenant, je vais t’expliquer ta mission.
Et il étala la carte sur la table en faisant bien attention de ne pas renverser la minuscule bougie …



Un peu plus loin, dans le monde magique, se trouvaient d’immenses montagnes où personne n’osait s’approcher. Elles étaient entourées d’éclairs menaçants et les habitants disaient de ces montagnes qu’elles étaient habitées par le diable. Malheureusement, ce n’était pas le diable qui habitait là, mais une magicienne très douée qui a mal tourné. Elle était bien plus cruelle que Satan lui-même. Elle résidait dans un grand château, au plus profond des montagnes. A l’intérieur, on entendait les cris de cette femme, respectée comme une reine.
- Ma Reine ! Quelque chose ne va pas ?
La Reine était allongée sur le sol, comme si elle venait de trébucher sur un objet. Un petit serviteur avait accouru à ses côtés, comme inquiet. La jeune femme se releva tant bien que mal. Elle avait de longs cheveux et des yeux aussi noirs que sa longue robe.
- Je vais bien. J’ai juste eu une prémonition.
- Une prémonition ? De quel genre, ma Reine ? La fin du monde ? Ou bien la vôtre ?
Ce serviteur était bien trop curieux aux yeux de la jeune femme. Elle le fusilla du regard et il comprit aussitôt.
- Oh ! Je suis extrêmement navré, ma Reine. Je me tais immédiatement.
- Mais, je n’en doute pas, mon cher.
Elle afficha alors un sourire diabolique au serviteur paralysé par la peur et tremblant de tout son minuscule corps. La jeune femme pointa l’index vers lui et, dans la seconde qui suivit, le petit être ne bougeait plus, transformé en pierre. La magicienne avait l’air satisfaite et elle s’adressa à l’homme qui se tenait sur le pas de la porte.
- Tu pourras l’ajouter à ma collection, mon petit Yami.
- Toujours aussi machiavélique, à ce que je vois.
- Tu aurais fait pareil, si tu avais été à ma place. Maintenant, débarrasse-moi de cette chose immonde !
- Bien, ma Reine.
Et, il s’exécuta. Après quelques secondes, la jeune femme se retrouva à nouveau seule. Elle s’approcha de la fenêtre et contempla le paysage.
- Il va falloir que je te rende visite, Edonwail…



Renna écoutait le vieux magicien sans trop enregistrer ce qu’il disait. Elle n’avait aucune intention d’exécuter une mission sans aucun rapport avec le danger dans lequel était le monde qu’elle aimait. Quand le vieillard eût fini ses explications, il tendit la carte à Renna et lui sourit.
- Je place ma plus grande confiance en toi, alors je compte sur toi.
La jeune magicienne prit la carte et sans un mot, ni sourire, sortit de la petite grotte. Elle marcha quelques instants dans la forêt, puis s’arrêta à l’endroit où les arbres formaient un cercle. Elle ferma les yeux et disparut dans un rayon de lumière blanche…



Le vieil homme était toujours assis sur sa chaise. Son regard fixait la petite bougie qui était encore posée sur la table.
- Maître Edonwail !
La voix lui fit sortir de ses pensées et il poussa un léger soupir.
- Thely ! Tu crois que j’ai bien fait de la laisser partir ? Elle serait capable de se mettre en danger toute seule.
Un homme sortit alors des ténèbres de la grotte. Il était assez jeune, du même âge que Renna. Il portait aussi une longue robe noire. Seuls ses yeux verts étaient visibles dans cette obscurité.
- Vous le saviez pourtant aussi bien que moi, qu’elle ne fera jamais la mission que vous lui avez ordonné.
- Je le sais bien, mais notre monde ne peut être sauvé. La prêtresse est beaucoup trop jeune et pas assez expérimentée. Cette menace est arrivée trop tôt, bien plus tôt que prévu. Cette Dolya … Tout est de sa faute … si seulement … si seulement …
Il posa ses mains ridées par le temps sur son vieux visage. Puis, son regard se posa sur celui de Thely.
- S’il te plaît, fais en sorte qu’elle fasse bien cette mission et qu’elle oublie cette histoire de prêtresse.
- Vous pouvez compter sur moi, maître Edonwail.
Sur ces mots, le jeune magicien disparut de la même façon que Renna dans un rayon de lumière jaune. Une fois Thely absent, le vieux magicien se leva, poussa un profond soupir et éteignit la bougie …



Renna réapparut devant une grande maison. On pouvait voir qu’il y avait deux étages et un grand jardin qui entourait toute la maison. Un chien blanc était endormi devant sa niche, sur la pelouse. La jeune magicienne continuait de fixer la maison.
« Bon, attendons le moment propice pour apparaître devant elle. »
Elle claqua alors des doigts et se transforma en un magnifique chat noir aux yeux jaune brillants.

Chapitre 2 :

C’était le matin et Elly était encore couchée. Malgré plusieurs appels venant de sa mère, la jeune lycéenne ne bougeait pas. Elle avait quand même ses grands yeux bleus d’ouvert et ses longs cheveux châtains étaient en désordre sur l’oreiller.
- Allez lève-toi. Tu vas finir par être en retard, comme à ton habitude.
Une jeune femme d’une vingtaine d’années se tenait sur le pas de la porte. Elle était étudiante à l’université et portait donc un uniforme réglementaire.
- Mmmmh … encore deux minutes, Delph.
La jeune lycéenne s’enfonça le visage un peu plus dans l’oreiller et remonta sa couette.
- Très bien ! Comme tu voudras ! Mais, ne viens pas te plaindre après que tu es en retard.
Et, elle s’en alla en mettant bien en valeur son mécontentement après avoir vu les milliers de réveils qui entouraient sa jeune soeur. Elly se leva avec plus ou moins de difficultés. Elle enfila une robe bleu clair, coiffa et attacha ses cheveux en une queue de cheval en laissant une mèche retombée de chaque côté de sa tête. Elle descendit alors dans la cuisine pour prendre son petit déjeuner. Sa mère lui sourit quand sa fille s’installa devant la table. Elle regarda dans les alentours puis son regard se posa sur sa mère.
- Delph est partie ?
Elly prit une brioche qu’elle mangea avec appétit. Sa mère sourit.
- Oui, Will est venu la chercher il y a quelques minutes. Elle disait aussi que tu seras encore en retard, alors tu ferais mieux de te dépêcher
La jeune fille continuait de rêvasser.
- Elle en a de la chance, Delph, d’avoir un copain si attentionné.
Sa mère ne fit pas attention à cette remarque et lui donna un baiser sur la joue puis sortit de la cuisine. Elly entendit la porte d’entrée s’ouvrir.
- A ce soir, ma chérie. Travailles bien à l’école et surtout n’oublie pas de fermer la porte à clé.
La jeune fille ne répondit pas et la porte se referma. Elle se hâta de manger, elle n’aimait pas rester toute seule dans cette grande maison. Avant, son père était là quand sa mère partait travailler. Elle pouvait discuter avec lui, mais maintenant, il n’était plus là et cette cuisine vide lui donnait tant de nostalgie.
« Qu’est-ce que les accidents de la route peuvent faire comme victimes …»
Elly prit son sac, enfila une veste et sortit en direction du lycée sans oublier de fermer à clé la porte de la maison. L’endroit où elle se dirigeait se trouvait à deux pas de chez elle et elle n’avait pas beaucoup à marcher. Léa, son amie d’enfance, l’attendait devant le portail du lycée. Dès qu’elle la vit, elle lui fit un grand signe de la main avec un grand sourire.
- T’es pas croyable ! Tu habites juste à côté et tu trouves le moyen d’arriver en retard.
Elly prit un air gêné et, comme pour se faire pardonner, prit la main de son amie et se mit à courir en direction de leur salle de classe, l’entraînant ainsi …



Renna, toujours sous la forme d’un chat noir, suivit la petite Elly jusqu’à ce que la jeune fille entre dans le lycée. La magicienne, qui avait sentie une présence magique, tourna dans une vieille ruelle et se retransforma en humaine.
- Alors comme ça, tu es venu toi aussi, Thely ?
Le jeune homme sortit alors de sa cachette.
- Renna, tu es en tort si tu continues à rester dans ce monde. Maître Edonwail t’a donné une mission, non ? Pourquoi tu ne veux pas l’exécuter ?
La jeune femme n’écoutait pas le magicien, elle semblait perdue dans ses pensées. Mais, Thely continua d’insister.
- Alors ? Pourquoi ? Cette mission est bien plus importante que cette fille !
Ce propos redonna conscience à Renna. Elle avait pour habitude de toujours se mettre en colère très facilement, mais là, elle avait une attitude calme et reposée, ce qui étonna Thely qui s’attendait à ce qu’elle s’énerve. Renna se tourna alors vers lui et lui tendit la carte du monde magique.
- La mission est plus importante, dis-tu ? Et bien, tiens, prends la !
Elle lui lança la carte et Thely n’eût pas d’autres choix que de la rattraper.
- Quant à moi, je vais m’occuper de la prêtresse. On dirait que, toi aussi, tu te moques bien de l’avenir de notre monde.
Renna prit un air assez triste et un grand silence s’installa. Mais, Thely décida de le briser.
- Ce n’est pas que je m’en moque … c’est juste que … on ne peut rien y faire …
- Qu’est-ce que tu en sais ? Je suis sûre qu’on peut le sauver et c’est pour ça que je ramènerai la prêtresse. Toi, tu n’as qu’à faire la mission que le vieux Edonwail m’a donnée. Et, surtout ne te met pas en travers de ma route.
Elle se mit alors à courir pour s’éloigner le plus rapidement possible de Thely, tourna dans une petite rue et se retransforma en chat noir. Thely la regarda partir et soupira.
- Ce qu’elle peut être têtue !
Comme pour répondre à cette affirmation, une voix s’éleva dans le ciel.
- Oui, mais elle est l’une de nos meilleurs magiciens. Il faut donc la surveiller, pour ne pas risquer de la perdre. Je peux te charger de cette mission ? Je t’enverrai Grim pour celle que j’avais donné à Renna.
- Vous pouvez compter sur moi, maître Edonwail. Je la protègerai coûte que coûte, même au péril de ma propre vie.
Sur ces paroles, Thely suivit la direction dans laquelle Renna était partie …



La journée était passée vite pour Elly et elle devait déjà rentrée. Avant de partir, elle alla chercher Léa qui était dans une autre classe. Sa meilleure amie était accompagnée d’un garçon de sa classe. Elly lui sourit.
- Bonjour Nicolas !
Le jeune garçon lui rendit son sourire.
- Salut Elly ! Alors ? Toujours chargée de devoirs ?
- M’en parle pas …
Les trois amis décidèrent alors de quitter l’enceinte du lycée. Une grande voiture noire attendait devant l’entrée. C’était le père de Léa qui venait la chercher. La jeune fille dit au revoir à ses deux amis, souhaita bonne chance à Nicolas qui devint rouge comme une tomate et adressa un sourire au visage rempli d’incompréhension d’Elly. Elle monta alors dans le véhicule et la voiture disparut quelques secondes plus tard. Elly et Nicolas continuèrent leur chemin et discutèrent de tout et de rien, tout en rigolant. Mais, ils arrivèrent très vite devant la maison d’Elly. La jeune fille s’apprêtait à le quitter quand Nicolas la retient par la main. Il prit alors un air sérieux et Elly fut très surprise par sa réaction.
- Elly, il y a quelque chose que j’aimerai te dire …